Bien commencer son potager

1. choisir le bon emplacement

- Un terrain en forte pente entrainerait ruissellement des eaux et lessivage du sol (érosion).
- L’exposition au soleil doit être maximale pour garantir la bonne croissance des légumes.
- La proximité des grands arbres gène le travail du sol et pompe les minéraux nécessaires aux légumes.
- Une protection contre les vents dominants (Sud-Ouest) au moyen d’un muret, d’une haie …empêche le dessèchement et stabilise les plantes.
- La présence de grands axes routiers, d’anciennes décharges contaminent le sol en polluants.
- Les zones humides asphyxient les racines des légumes. Le terrain doit être frais, pas détrempé.

2. le sol

Le sol se compose en surface de matières organiques, c’est-à-dire des cadavres de plantes et d’animaux et autres déjections décomposés. Cela va donner « l’humus ». Il contient aussi un mélange de particules minérales fines: limon, argile et sable. Plus on descend dans le sol, plus on rencontre de matières minérales et moins de matières organiques. Cela se traduit par un changement de couleur, l’organique étant brun foncé, le minéral brun clair. Bien sûr, plus on descend plus on retrouve des pierres, elles aussi minérales : grès, schiste, calcaire…Ces pierres constituent le sous-sol.

Selon les endroits, le sol peut être profond (épaisse couche de particules fines) ou superficiel. Vouloir créer un potager où après 20 cm de « terre », on tombe sur des grosses pierres serait illusoire.

Selon les endroits, le sol est riche en limon, en argile ou en sable.

Déterminer le type de sol, sa qualité, c’est possible sans passer par un laboratoire d’experts. Et c’est important, car à chaque sol correspond une façon de travailler.

Reconnaître son sol

Sol argileux (=lourd)
Fentes de retrait en cas de sécheresse.
Test  « pâte à tarte »* : pâte pouvant être aplatie sur 2-3mm d’épaisseur.

Sol limoneux
Toucher doux. Les outils ne crissent pas à son contact. Les parois d’un trou sont sonores au choc. Effet  « toile cirée » (battance) après de fortes pluies.
Test  « pâte à tarte »* : pâte pouvant être aplatie sur 3-5mm d’épaisseur.

Sol sableux (=léger)
Toucher râpeux. Les outils crissent à son contact.
Test  « pâte à tarte »* : pâte impossible à rouler.

*Test « pâte à tarte » : humecter une poignée de terre et la rouler comme une pâte à tarte, avec une bouteille par exemple.

En Ardenne, nous avons généralement un sol à prédominance argileuse mélangé à du sable.
Ce sol est lourd, lent à se réchauffer. Il est donc préférable d’y réaliser des cultures tardives plutôt que précoces.
Notre sol retient bien l’eau, au contraire d’un sol sablonneux dont les particules sont plus grosses.
Le sol ardennais est un peu acide. Le pH est l’expression chiffrée de l’acidité d’un milieu. Il varie de 0 à 14. De 0 à 7, le milieu est acide ; de 7 à 14, il est basique. La neutralité se situe à 7. Le pH des sols varie entre 4 et 9. Pour connaitre l’acidité de son sol, on peut utiliser un outil spécifique, on peut également plus simplement observer la flore spontanée poussant à proximité.

Sol acide

Flore spontanée :
Bruyère
Callune
Myrtille
Fougère-aigle
Genêt à balais
Petit oseille
Digitale pourpre

Sol calcaire ou riche en calcaire

Flore spontanée :
Ellébore fétide
Sainfoin
Sureau yèble
Chicorée sauvage
Moutarde des champs
Fumeterre officinale

La petite oseille bien répandue sur Vert pomme témoigne de l’acidité du milieu.

Pour le potager, l’idéal est d’avoir un sol neutre. Pour remédier à notre problème et équilibrer le pH, on réalisera de temps en temps un apport de calcaire. Par exemple, 100 gr de chaux/m²/2 ans.

En sol argileux, il est aussi conseillé de réaliser des apports annuels importants de matières organiques, d’engrais et de réaliser un premier bêchage avant l’hiver.

Pour bien pousser, les légumes ont besoin d’un sol suffisamment riche en azote et en humus. Ici aussi, on peut connaitre la richesse de son sol en détectant la présence de certaine plantes : ortie, mercuriale, chiendent, podagraire, sureau noir, gaillet gratteron, amarante, chénopode, arroche, mouron blanc, lamiers…

Chez nous, seuls le chiendent et le mouron poussent, on veillera donc à enrichir le sol. Mais attention, le tout sera de trouver le bon équilibre, car trop d’azote favorise les maladies dues aux champignons, attire les pucerons, et gêne la fructification de certains légumes ainsi que la formation des bulbes (ail, oignon, échalote…).

3. LA FERTILISATION

C’est tout ce que le jardinier apporte pour maintenir ou accroitre la fertilité du sol de son jardin (engrais, fumier, compost …).
Que se passe-t-il si on ne met rien dans son potager ?

Il y aura une baisse progressive du taux d’humus, garant de la fertilité du jardin. L’humus est la substance organique issue de la décomposition des matières végétales et animales dans le sol. Il se dégrade naturellement petit à petit. Cette dégradation s’accentue si on retourne fort et souvent le sol, si on laisse le sol à nu (sans aucune « mauvaise herbe »), et si on l’arrose trop.

Il y aura une baisse progressive des éléments nutritifs. En principe, ils sont apportés naturellement dans le sol : l’azote de l’air pénètre le sol grâce à la pluie ou la neige. Il s’y fixe suite à l’action des bactéries. De plus, la décomposition des plantes en surface recharge le sol en nourriture. Pour bien comprendre : les plantes fanées, les feuilles mortes…contiennent encore de la nourriture. Une fois quelles sont décomposées grâce aux champignons, aux petites bêtes, au gel, …, la nourriture qu’elles contenaient retourne au sol. Et les nouvelles plantes qui poussent vont puiser cette nourriture par leurs racines. Mais dans un potager, au lieu de laisser se décomposer les légumes, on les retire tous pour les manger. Ces légumes ont puisé dans le sol des sels minéraux et d’autres éléments nutritifs. Pour que le sol retrouve un équilibre et donc la nourriture nécessaire aux futures plantes, il est nécessaire de remettre l’équivalent de ce qu’on a prélevé.

A faire :

Les résidus de récolte (plantes fanées, résidus de récolte, racines, mauvaises herbes…) doivent être compostés. Une fois le compost bien décomposé, on l’étend au pied des cultures.

Idéalement, incorporer chaque année au sol 100 kg/are de fumier ou bien 200 kg/are tous les 2 ans. Le fumier est constitué par le mélange de déjections animales, solides et liquides, et de litière (paille, copeaux). Le fumier reconstitue le sol, le rend plus léger à travailler, développe les organismes vivants (bactéries, champignons, vers,…) qui vont décomposer les matières et libérer les minéraux utiles aux plantes.

Pratiquer la culture d’engrais verts. Ces végétaux vont puiser dans les profondeurs du sol et dans l’atmosphère des éléments utiles aux cultures suivantes. Il en existe beaucoup d’espèces. Les plus courantes sont la moutarde, le seigle, la phacélie, le trèfle, le colza, l’épinard, le lupin, la féverole, le pois, l’avoine, le sarrasin…

L’engrais vert protège le sol, ses racines le travaillent en profondeur.

Certaines plantes produisent de l’humus comme le seigle, la phacélie, le trèfle… ce qui remplace en partie le fumier et le compost.
L’engrais vert absorbe les nitrates qui, après, seront utilisés par les cultures. Sinon, ces nitrates auraient été lessivés par les pluies et pollueraient les eaux souterraines.

Concrètement, l’engrais vert se sème à la volée sur une parcelle fraichement récoltée. Avant la fin de la floraison, il se fauche ou se tond, séjourne sur le terrain 2-3 semaines puis s’incorpore au sol avec une grelinette ou au motoculteur. Par contre, si on sème de la moutarde ou de la phacélie à la fin de l’été, le gel hivernal les détruira, ce qui rendra inutile le travail de fauche.

Utiliser des plantes engrais sous forme de purin. Cela apportera aux jeunes légumes des vitamines, de l’azote, de la potasse, des minéraux…un vrai cocktail stimulant.

Pratiquement, remplissez un seau de consoude, d’ortie et de quelques pissenlits hachés, couvrez d’eau de pluie jusqu’à 5cm du bord ; laissez reposer en remuant tous les jours ; cela fermente (mousse jaunâtre) et prend l’odeur typique du purin. Après environ 10 jours, retirez les déchets de plante que vous composterez. Le jus obtenu se dilue à 1/10 dans de l’eau. Vous en arroserez les pieds des jeunes légumes (pas les feuilles, risque de brûlure).

On peut compléter nos amendements en ajoutant certains engrais naturels tel que Laine et plumes riches en soufre, utile pour le choux, l’ail, les oignons…
Sang séché riche en azote
Tourteau de ricin, riche en phosphore, potasse, oligo-élément et contre les campagnols
Cendre de bois riche en minéraux
Algues marines, sorte de concentré de fumier…

Source : Jean-Paul Thorez, Le guide du jardinage biologique, Terre Vivante, 2006.