Conseils pour la plantation de fruitiers
Conseils pour la plantation de fruitiers
Le moment
On attendra la fin du mois de novembre pour une meilleure reprise des arbres. On peut planter tout l’hiver, hors gel. Mais fin novembre reste l’idéal : les racines ont tout le temps nécessaire pour rentrer en contact avec la terre durant l’hiver.
Veillez à ne pas laisser les racines de vos arbres à planter à l’air, même pendant le transport, leur assèchement est très rapide. Une bonne partie des radicelles peuvent être détruites en quelques heures. Une fois les arbres acquis, mieux vaut donc les mettre directement en jauge : plantés debout les uns contre les autres, racines enterrées jusqu’au collet. Si on plante le jour même, un vieux textile humide suffit comme protection.
La distance de plantation, le choix des arbres
Avant tout achat d’arbre, pensez à l’espace dont vous disposez. Ce serait malheureux de planter des hautes tiges et de devoir les tronçonner alors qu’ils commencent seulement à produire…
Il faut compter minimum 10m entre les hautes et demi-tiges ; et 5m entre les basse-tiges. Ces derniers porteront plus vite, mais ils sont souvent plus sensibles et d’une durée de vie bien plus limitée. Le haute-tige est d’une richesse écologique très nettement supérieure, mais les fruits sont plus délicats à récolter…
En cas de plantation d’un arbre unique, vérifiez qu’il s’agit d’un autofertile, au risque de ne jamais voir pousser un seul fruit. Dans les autres cas, on recommande de s’appuyer sur un tableau avec classement des groupes de floraison et qualités de pollinisateur (au moins deux variétés différentes doivent fleurir en même temps pour échanger leur pollen et fructifier).
Et surtout, préférez des variétés robustes, locales et traditionnelles. Elles sont plus résistantes aux maladies et donneront plus de satisfaction. Elles garantissent aussi le salut de notre patrimoine fruitier.
Le trou
Afin d’améliorer l’ameublissement du sol et donc l’ancrage de vos arbres, creusez vos trous un mois avant la plantation. La surface enherbée doit être retirée (à la houe) et compostée. Placez la terre arable, foncée, d’un côté et la terre minérale du sous-sol, plus claire, de l’autre. Lors du remblaiement, respectez l’ordre initial.
Un haute-tige nécessite un trou de minimum 80cm2 et de minimum 50cm de profondeur. Défoncez le fond pour garantir le drainage et une bonne pénétration des racines.
La préparation de l’arbre
Après suppression des parties abimées, tordues ou trop longues au sécateur, pralinez les racines avec un mélange argile-eau-compost ou bouse de vache.
La plantation
Avant la mise en terre de l’arbre, enfoncez, côté vent dominant, c’est-à-dire au sud-ouest, un tuteur de taille proportionnelle à l’arbre : 1m pour B.T., 1,80m pour D.T. et 2,50m pour H.T. Ces tuteurs devront tenir au moins 5 ans, temps nécessaire pour un ancrage solide. Après plantation de l’arbre, ligaturez, sans étrangler le tronc, et, si possible, avec un lien en caoutchouc semi- rigide, positionné en huit sous les premières branches, et plus haut sur le tronc que sur le tuteur, car le sol se tassant un peu après la plantation, il ne faudrait pas que l’arbre reste pendu. Les ligatures souples, style chambre à air, se détendent avec le temps ; il faut donc prévoir de les resserrer de temps à autre.
Placez au fond du trou un treillis à petites mailles (1,3cm2), faites le remonter sur les quatre côtés, suffisamment pour qu’on puisse le refermer à quelques centimètres de la surface du sol. Sans cette mesure destinée à se protéger des rongeurs, vous avez une « chance » sur deux de perdre votre arbre. A savoir, une galerie de campagnol peut dépasser 50cm de profondeur. On peut aussi inclure le tuteur dans la « cage » en treillis.
Commencez à remplir le trou avec la terre minérale sur le treillis. Placer l’arbre sur un petit monticule de terre fine pour estimer la bonne hauteur: au final, le bourrelet de greffe devra dépasser du sol de quelques cm. Le tronc doit se trouver à une quinzaine de cm du tuteur.
Rebouchez ensuite le reste du trou en mélangeant la terre du haut (foncée) avec du compost bien mûr (le fumier frais brule les racines). Pendant cette opération, on secoue légèrement l’arbre de haut en bas pour bien combler les vides entre les racines. Ces dernières doivent rester libres, non courbées.
Refermez le treillis et le faire remonter au niveau du collet de l’arbre. Si, par la suite, les herbes sont un peu hautes, ou en cas d’enneigement, cela évitera au rongeur de s’attaquer à la base de l’arbre.
Comblez les vides autour du treillis et les quelques cm restant toujours avec le mélange terre-compost. Ne pas tasser au talon, cela risquerait d’abimer les racines.
Bien arroser.
Pailler autour du tronc en laissant le collet dégagé (cela évite l’enracinement au-dessus du point de greffe). Ce paillage avec broyat, paille, copeaux maintiendra le sol frais, et empêchera les adventices de concurrencer les jeunes racines.
Si votre verger se situe en milieu « naturel », il faudra encore prévoir des protections contre les coups de dents : protection grillagée basse contre les lapins et haute contre les cervidés qui raffolent de l’écorce, des jeunes pousses et des bourgeons.
Plus d’infos
- Jean-Luc Coppée, Claudy Noiret, « Les livrets de l’agriculture » : www.lesbocages.be
- www.natagora.be/verger
- http://rwdf.cra.wallonie.be/
- Marc Fasol et Marc Lateur, « Le jardin fruitier », Weyrich, 2011
- Fabrice de Bellefroid, L'arbre fruitier, Nature et Progrès,2013.