Préparations à base de plantes pour soigner la biodiversité et renforcer la vitalité du jardin

On distingue deux types de préparations :

• celles qui nourrissent les plantes, les fortifient et stimulent leur croissance
• celles qui éloignent les ravageurs, préviennent les maladies ou les combattent.

Selon la concentration de la préparation ou le mode d’utilisation, une même plante peut rentrer dans les deux catégories.
Dans la nature, les plantes se nourrissent de leurs propres résidus décomposés ; dans le potager, c’est impossible puisqu’on retire la plus grande partie de la biomasse. D'où l’importance de fertiliser avec du compost, de l'engrais vert et des purins très riches en oligo-éléments assimilables via les racines ou les feuilles.

Les plantes répulsives dégagent une forte odeur, elles font fuir les nuisibles, leur coupent l’appétit et les tuent parfois. Elles ont une efficacité variable : leur évaporation est plus ou moins rapide, il faut donc les renouveler régulièrement, et les nuisibles comme les limaces ou les campagnols s’y habituent, il faut dès lors changer de produit. En parallèle, elles favorisent les mécanismes de défense des plantes, renforcent les parois cellulaires et autres mécanismes comme la couche cireuse qui sera plus épaisse. C’est donc toujours mieux de les utiliser de manière préventive.

Par contre, la diversité en molécules actives des plantes insecticides et fongicides les rendent moins déchiffrables par les pathogènes et donc toujours efficaces. Le gros avantage par rapport aux produits chimiques : rapide décomposition dans le sol, donc absence de pollution. Mais aussi, les produits de synthèse à l’unicité moléculaire favorisent l’adaptation des ravageurs : lors des traitements successifs, l’insecte modifie son terrain, si bien que la molécule insecticide ne reconnait plus sa cible. De plus, les engrais chimiques solubles se logent dans les vacuoles des cellules au détriment de ce qui est fondamentalement nécessaire à la plante, comme les métabolites utiles au système de défense et les oligo-éléments. Une plante luxuriante maintenue à coup d’engrais sera incapable de se défendre face aux ravageurs. Enfin, les produits chimiques ont des pH trop élevés et survoltés voire suroxydés et créent un climat favorable à la maladie.
Attention, si les plantes insecticides sont inoffensives pour les hommes, elles sont néanmoins puissantes. Mieux vaut attendre une semaine avant la consommation de plantes traitées.

Récolte : toujours cueillir des plantes vigoureuses, sans parties fanées ni malades et non mouillées. Pour les sécher, choisir un lieu à l’abri de la lumière.

Recettes pour le jardin

Purin : il s’agit d’une fermentation de plantes à fonction essentiellement phytostimulante.
Remplir un récipient en inox (ou en plastique, mais pas en métal) au ¾, avec les plantes fraîches coupées en petits morceaux ce qui libère les substances actives (on peut les emballer dans un sac perméablement lesté). Remplir avec de l’eau de pluie non calcaire jusqu’à 5 cm du bord (le chlore réduit les effets du purin et le calcaire est propice au développement des maladies). Pour 1kg de plantes fraîches, ajouter 10 l d’eau. Couvrir votre récipient en maintenant un contact à l’air, remuer tous les jours le mélange pour activer la fermentation, quand il ne mousse plus la fermentation est finie, le purin est mûr (compter entre 8 et 15 jours selon la t° ambiante). Filtrer, mulcher avec les résidus, diluer à 1/10 au pied des plantes et à 1/50 sur les feuilles. Le purin se conserve 3 mois. Au-delà, il risque une suroxydation, propice à la maladie. Pour réduire l’odeur, ajouter des feuilles d’angélique à la préparation ; pour allonger la conservation, ajouter quelques gouttes d’huile essentielle de romarin.

Infusion : préférer les plantes sèches qui concentrent leurs principes actifs (le séchage est considéré comme une agression par la plante qui augmente son arsenal biochimique en réaction). Plongez environ 250 g de plantes coupées (libère les principes actifs toxiques) pour 10l d’eau (par ha en cas d’utilisation sur sol) dans un récipient en inox, portez le mélange à 80°C, laissez macérer 24h, filtrez. Pour une plus longue conservation, portez le mélange à 90°C et embouteillez à chaud.

Décoction : certaines plantes nécessitent un mode d’extraction plus long pour libérer les principes actifs. Plongez les plantes dans de l’eau froide 24h, portez à ébullition pendant 20 à 30 min., laissez refroidir avec couvercle, filtrez.

Extrait à l’eau froide : moins puissant, utile surtout quand on n’a pas la possibilité de chauffer. Hachez finement, humidifiez et faites macérer les plantes entre 24h et 3 jours (avant fermentation). Pressez dans une étamine et utilisez pour le trempage de certaines semences ou sur les jeunes plants. Camomille pour les haricots, l’ail contre les bactéries…

Purin en fermentation : utilisez après environ 4 jours votre mélange mordant, efficace contre plusieurs insectes.

Le rumex contre l’oïdium et les chancres des pommiers et poiriers.

L’extrait de racine (laver, éplucher et couper en morceaux des racines fraîches de 2 ans et plus, cuire, réduire en purée et mélanger 150g pour 10 l, macérer 1h et filtrer) , ou en infusion de feuilles.

Egal au traitement par le soufre, en préventif 1x par semaine.

Action : les spores de champignons ne savent plus pénétrer dans les feuilles.

L’ortie

Très riche en vitamines A et C, en fer, potasse, calcium et azote ; elle s’utilise de préférence avant la formation des graines. Elle favorise la décomposition du compost (matière organique- humus).

Permet une meilleure assimilation des éléments nutritifs par les plantes.

Comprend des substances de croissance.

Comprend des bactéries productrices de CO2 – photosynthèse.

Le purin pulvérisé sur les feuilles favorise la croissance, favorise la production de chlorophylle mais attention à la dilution sinon brûlures.

L’infusion de feuilles sèches liquide les acariens et les pucerons.

On peut la combiner avec la prêle.

Sur les feuilles de choux, son purin attire les piérides ! Eviter également de pulvériser feuilles de tomates et de concombres.

Une poignée d’orties fraiches hachées dans les trous de plantations des patates et tomates protège des maladies.

Couvrir les interlignes avec des plantes entières – comme avec la consoude fanée – constitue un excellent mulch.

La consoude

Riche en azote organique, potassium, phosphore, fer, manganèse, zinc, bore, cuivre, elle va chercher ces sels minéraux dans le sol grâce à ses profondes racines, « forage à engrais ».

En mai, cisailler les feuilles, les étaler entre les rangs de pommes de terre, laisser sécher quelques jours puis butter les pommes de terre (décomposition grâce aux mico-organismes), également positif au pied des petits fruitiers.

En purin, excellent grâce à la potasse pour toutes les plantes à fruits.

Insecticide : faire bouillir doucement 20 min, 8 feuilles hachées par litre d’eau, laisser macérer 12h, filtrer, pulvériser contre la mouche blanche et les pucerons. Sans effet sur les chenilles et les coléoptères.

Terreau de consoude : en septembre, ½ consoude hachée, ½ terre, laisser dans un sac plastique ouvert jusqu’en avril.

La prêle des champs et la prêle des marais

Agit à la fois contre les maladies cryptogamiques et pour renforcer les plantes. Très riche en silice qui renforce les tissus cellulaires. Les champignons pathogènes ne peuvent plus pénétrer aisément dans les feuilles, les ravageurs ont du mal à s’alimenter et vont voir ailleurs. Utiliser le matin par temps ensoleillé. Traitement préventif contre la rouille et le mildiou. Les études scientifiques prouvent son efficacité sur la rouille du haricot, le mildiou des patates et des tomates, elle accélère la croissance des salades et aide à lutter contre leur pourriture, son efficacité est variable contre l’oïdium. A utiliser au printemps et en automne sur toute la superficie du jardin et au verger à la chute des feuilles.

A utiliser en purin comme phytostimulant, en infusion comme insecticide et en décoction comme fongicide.

La sauge

En infusion, agit fortement sur les chenilles et autres vers mais aussi efficacement sur le mildiou. S’associe utilement à la prêle comme insecticide ( chenilles, vers, pucerons, acariens…)

Le sureau noir

En infusion contre bon nombre de maladies cryptogamiques : tavelure, rouille… Très bien en mélange avec la fougère aigle. Efficace également dans les galeries des campagnols pour chasser ce nuisible.

Traiter idéalement au stade jeunes feuilles (meilleur pénétration), en début de journée en pulvérisation foliaire (circulation de la sève maximale) et le soir en arrosage au sol (forte poussée radiculaire). Privilégier une hygrométrie entre 50 et 70% (plus bas les stomates sont fermés pour éviter la perte d’eau, plus haut le système hydraulique de la plante est saturé.

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